Tenir le cap et inventer sa route

Tenir le cap et inventer sa route, parfois en lâchant la ligne droite.
On pourrait dire aussi tenir la route et inventer le cap car souvent nous nous réalignons à la mesure de nos prises de conscience .
Invenies en latin, c’est à la fois créer et découvrir, comme on parle d’un inventeur de trésor.
Beaucoup de livres, de légendes ou de poèmes illustrent cette évidence de suivre un chemin vers… ce qui finalement repose au creux de nous.

(Re)découvrir « L‘Alchimiste » de Paulo Coelho, par exemple ou encore « L’Offrande lyrique »de Tagore:
« Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne ; il faut avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre enfin au tabernacle très intime. » 

Oui, la recherche du trésor nous met en route, nous sort des endormissements et nous suivons le fil de l’essentiel.
Nous nous mettons à l’épreuve du pèlerinage.

« Le pèlerinage participe au processus d’éloignement que réclame le sanctuaire.
Il permet de mesurer la distance, dans l’espace et le temps, qui nous sépare de ce haut lieu inviolable, à la fois vierge et fécond comme une oasis, un asile ou une réserve (c’est d’ailleurs le sens qu’a pris le mot sanctuary en anglais).
Il est propice à une lente conversion, à une métamorphose, à un changement de régime spirituel. »
Lucien d’Azay, (Un sanctuaire à Skryos).

Et puis, grâce à cette quête qui n’est pas vaine, nous découvrons qu’il s’agit de creuser la grotte dans la fêlure, de déblayer, de faire le vide qui permet que se révèle le cœur du sanctuaire intime. En réalité nous ne sommes pas « éloignés » !
Selon les âges de la vie et nos dons au service de Ce qui nous dépasse, nous pouvons être tentés de choisir l’un ou l’autre :
s’élancer sur la route ou s’installer au secret de la caverne monastère (Vihara en Inde, lieu de retrait et prières, méditations)

Axe vertical, trait d’union entre Ciel et Terre, radical comme un pilier tronc, stupa, linga.
Axe horizontal démultiplié comme les branchages de
l’arbre :
toutes les manifestations de vie nous invitent à prendre part au partage avec les autres pèlerins…
Insérés dans l’époque et le lieu, les lignées familiales, les cultures et notre stage d’incarnation.

La Voie du Coeur est un purna yoga, elle accueille et marie tous les plans.
Elle nous invite à  ajuster selon les situations, et garder cet élan, une orientation qui donne sens à notre vie.
Nous sommes invités à tenir la tension entre les extrêmes sans se laisser leurrer par l’un ou par l’autre.
Toujours en équilibre instable en apparence, nourris d’un Amour qui nous met en Paix.
C’est la danse de la vie incarnée, nous sommes le chorégraphe et la danseuse, la musique et le spectateur, le mouvement et la connaissance que tout cela est un jeu, Lila, maya, magie de la création infinie et illusoire.

Comment alors tisser entre fidélité au but et accommodements avec les êtres et les événements ?
Nous allons chercher ensemble, par le témoignage de nos expériences, par le silence partagé, par nos vérités multiples et changeantes comment vivre cet alignement en croix.
Et la souplesse de la spirale ! Que cela éclaire nos relations, à l’autre, au monde, à nous-mêmes, à ELLUI. Bref, c’est un travail de patience et humilité entre idéal et imperfection.
Mais aussi des retrouvailles, une danse ensemble pleine de joie et d’inventivité, de douceur et tendresse, de gratitude aussi.
Nous sommes en devenir et guidés…