Confinement , le vide, les remontées d’angoisse, Pâques et le passage du Souffle.

Quelques réflexions à l’écoute du témoignage de plusieurs.
Cela ne peut que nous effleurer alors que nous savourons peut être en paix un temps de vacances privilégiées.
Mais nos chagrins soucis pour d’autres, notre compassion impuissante, nous écartèlent en arrière-plan, et cela peut réveiller des cicatrices que nous avions oubliées.
En cette période, lorsqu’on s’arrête , lorsqu’on le peut,
alors que d’autres sont au front!, des angoisses peuvent ressurgir du fond de l’inconscient, alors même qu’on les avait « travaillées » et qu’on pensait avoir vaincu le dragon.
Ceux qui sont en chemin peuvent s’inquiéter d’une régression vers la vieille névrose connue et que le croyait « dépassée ».
En fait, c’est un signe de vitalité, un « passage étroit » étymologie d’angustia.
Une Pâques nous est révélée pour que nous naissions à nouveau.
Lorsque le homard ou le serpent dépose sa mue pour croître en aisance, il affronte le danger de grandir et d’être vulnérable en métamorphose.
Lorsque nous finissons par admettre notre impuissance, nos ego crient car s’écroule l’arrogance et l’assurance de prévoir et maîtriser.
Nous cherchons alors qui accuser, et cela va avec une sourde culpabilité, une dépréciation de soi.
Mélange yin yang de colère et dépression .
Cela peut nous mettre « en croix » et au caveau caché.
Je grossis le trait pour qu’on puisse saisir ce qui est souvent léger et passager, et qu’il est bon de repérer.
Mais Pâques, c’est aussi une délivrance, comme celle que nous avons vécue nouveau-né.
Nous ne pouvons pas arrêter le mouvement de la vie, il faut sortir des matrices qui nous ont nourris et protégés si nous voulons naître au Souffle qui nous traverse.
C’est le sens de mort- vie- renaissance (SA TA NA MA ), l’articulation du vendredi saint et de la résurrection.
Il faut l’entendre comme le passage à un autre plan.
Et l’accouchement peut être long.
Nous avons le temps de voir avec recul, de mesurer le chemin parcouru et de faire un pas vers Ce qui en nous n’est pas atteint.
Revenir au Cœur, centre essentiel.
C’est le consentement d’expirer, de poser, lâcher.
Et alors que la pause à vide se fait, l’inspiration vient en nous, d’autant plus vaste que nous avons fait la place, « toute la place » comme dit la prière Mère divine.
Un souffle est offert, un souffle est reçu.
La respiration nous sort de l’enfermement.
Le don et le partage nous sortent de l’enfer- me- ment.
Nous sommes délivrés et lucides.
Jamais nous n’aurons fini de pétrir nos vies :
rêver d’être « arrivés », parfaits, « libérés » une fois pour toute, c’est illusoire et mortifère, c’est dangereux car alors nous sommes arrêtés.
Le consentement est la clé, il s’exprime par l’offrande au Souffle qui nous guide et nous traverse.
Prana, spiritus, ruah, spanda, qu’importent les noms, que vive l’expérience !
Resprions vraiment.