Transcription d’un enseignement oral de Madhuri
le 14 janvier 2021  

La Liberté :
SHOU
(dieu de l’air)  NOUT (déesse du ciel) GEB (dieu de la terre)

Qu’est-ce que la liberté et quelles sont nos prisons, nos enfermements, nos enfers ?
Nous sommes très peu libres, contraints par énormément de limites.
Par exemple j’aimerais bien voler, pouvoir voler vers vous, avoir le don d’ubiquité, …. Ce n’est pas possible.

Il y a donc  les limites, les frustrations, les précautions, l’équilibre à trouver avec le risque, le possible et la prudence. Nous ne sommes pas « libres » si par là on entend « tout puissants ». La vie se charge de nous le rendre évident. Ne serait-ce que par notre corps soumis à la maladie qui peut gravement nous handicaper. Ses capacités sont limitées, il est dans un processus de  vieillissement et promis à la mort. On peut se retrouver incapable de marcher, de parler… Je ne développe pas , tout le monde le sait.    Et puis,  en ce moment, il y a toutes ces restrictions que nous acceptons plus ou moins bien. . .

C’est un petit peu comme dans la danse du  Samsara, nous sommes en train de jouer notre partition. Nous tournons sur un rayon , mais reliés au Centre. Et il y a des personnes « éveillées », des saints, qui ont trouvé une profonde liberté au fond de leur grotte, complètement confinés, voire emmurés, parce que toutes les pratiques existent. Je fais allusion à François d’Assise qui a été enfermé, et d’ailleurs ça lui a coûté la santé, pendant un an à peu près, dans une prison très dure, quand il avait une vingtaine d’années, à Sri Aurobindo quand il a été interné par les anglais, à Nelson Mandela…En fait ils ont trouvé une liberté à l’intérieur, reliés à l’essentiel et nourris  par un « cadre  » de vie choisie. On pourrait dire un cosmos, le dharma.

Un mythe égyptien illustre bien cela, le passage du chaos qui nous dépasse à l’ordonnance d’un cosmos où nous pouvons construire en abscisse et ordonnée.
Je fais allusion à Nout, à Shou Nout (suivre ce lien pour fiche sur le site).
En Egypte SHOU est le vent, l’air que l’on respire et qui sépare la terre et le ciel, plus exactement pour parler comme eux, le sol et la voûte céleste.
NOUT est une déesse par le corps duquel passent les étoiles et le soleil. Pendant le jour elle digère les étoiles, elle les a avalées par la bouche et le soir elle les renvoie dans le ciel par son sexe, elle accouche; et à l’inverse, le soir,  elle avale le soleil et il traverse son corps dans le secret, dans ce que l’on ne voit pas, l’invisible, et elle accouche du soleil tous les matins. On l’a représentée par la voie lactée. Alma Mater. LA ciel comme un pont coupole qui empêche de tomber dans le vide chaotique.
LE terre, GEB, époux aimé, désiré, soutien de tous les êtres qui organisent la vie humaine et ses heures dans une ordonnance géométrique qui ressemble aux mandalas. Un lieu où vivre ensemble est possible et béni.
C’est très important parce qu’il y a cette idée de cycle. Cycles où nous sommes impuissants si nous ne rentrons pas dans le flot tel qu’il est .
Si nous allons à contre-courant, d’abord nous allons toujours perdre, mais surtout nous allons souffrir dans notre résistance à Ce qui EST.
Toute résistance à Ce qui EST nous fait souffrir.
Et la grande liberté pour les mystiques est d’accepter profondément Ce qui Est.
Mais adhérer profondément à ce qui est proposé n’est pas accepter n’importe quoi. Mandela, François d’Assise et Aurobindo ont beaucoup combattu pour la liberté, dans le sens de la liberté de l’âme, l’épanouissement de l’être.
Ils n’ont pas été des « mous » qui s’écrasent dans leur dépression.

Donc nous avons 2 pratiques avec SHOU. Puis en alliance avec NOUT.
Celle où l’on dessine l’axe horizontal et l’axe vertical et où l’on se situe, et en se situant on peut faire opposition, on peut refuser. C’est-à-dire que le premier Shou  est un mouvement en croix sur une expiration décidée, la deuxième est très rapide, on dessine 3 fois une croix, parce que dans l’insistance même on dit « mais non, mais non, je n’accepte pas, je fais opposition à cela qui est lamentable, qui est immonde » On se retrouve comme un chevalier, comme un disciple de St Michel Archange. Ayant pris notre épée, notre bouclier. Et puis la 3ème fois est très tranquille et assurée. On dessine l’abscisse et l’ordonnée et ça dit « voilà là je pose ça » . Cela qui est posé est la base avec laquelle nous pouvons vivre. On le connaît bien dans l’éducation des enfants par exemple. On sait combien les enfants sont rassurés d’avoir des contraintes éclairées mais solides. Il faut vraiment que ce soit clair : non, oui, quand…etc.

Mais au-delà du psychisme cela nous ramène à NOUT parce qu’ elle dessine un cosmos entre le ciel et la terre, parce qu’elle a son appui sur la terre qu’elle aime:  GEB, son  époux frère jumeau parce que c’est un couple primordial de l’origine du monde.
Elle caresse la terre de ses mains et c’est l’union aimante, amoureuse des paradoxes, des opposés, pas seulement du yin et du yang, de tous les paradoxes, de la dualité, qui fait que l’on peut créer un cosmos, le contraire du chaos.
Actuellement, dans l’actualité, toutes les incertitudes, tous les soupçons, pas forcément illusoires, de mensonges ou de demi-mensonges créent une espèce de chaos. On ne sait plus sur quoi compter, sur quoi s’appuyer. Nous sommes dans l’incertitude.
Pour que le chaos ne soit pas, il faut que ça devienne un cosmos, quelque chose, d’ordonné, de circulaire et en croix comme les mandalas, ou comme les auréoles des saints, ou comme dans le prologue de l’évangile de St Jean on dit que le Logos, le Verbe de vie,  est venu et du coup ça a créé un monde où vivre. Donc c’est très important que nous puissions aimer et accepter profondément notre situation, notre cosmos avec ces alignements, avec ces abscisses et ces ordonnées, avec ces constructions, par exemple du temps.
Les égyptiens avaient créé le compte du temps. Ils avaient conscience que c’était dû à l’union et en même temps à la non fusion entre les opposés qui s’épousent, «les  oppousés », les époux, le ciel et la terre.
Nous devons vivre sur terre, bien tracer, délimiter le possible dans l’impuissance.
Bien tracer et en même temps se tourner vers les pôles tout en bas et tout en haut. Cela rejoint le mudra « dédier ».
On dit que NOUT est soulevée en faisant une poussée des mains et des pieds (ça fait un pilier aztèque avec des lignes qui se coupent à angle droit).
Elle est soulevée et nous nous avons aussi à soulever beaucoup de choses, en particulier à soulever nos enfermements intérieurs,  ce qui nous met en prison. C’est d’un côté la peur, les restrictions, la peur de vivre, la peur de mourir aussi évidemment, mais aussi les rabâchages, les ruminations constantes et tous les processus de répétitions qui sont très bien étudiés (Freud  compulsion des répétitions…) et nous savons que dans nos cycles nous répétons des situations. Nous les répétons, mais si notre conscience (Cit) s’éveille, le fait de voir que nous les répétons, nous ne sommes plus enfermés. Et même nous pouvons faire un léger pas de côté qui fait que ça crée une spirale (du mot respire).
Respire : un seul souffle peut nous délivrer. Tout d’un coup on s’aperçoit que l’on était en sous respiration, physiquement, en apnée parfois mais pas que ça, en absence d’un souffle, d’être relié au Souffle divin, au Souffle de l’infini.
S’IL n’est plus là, si nous sommes enfermés dans une boite, il n’y a plus le mouvement de NOUT qui avale et qui accouche, le mouvement des cycles,  toute la chorégraphie de la vie.
En ce moment c’est vraiment comme une danse avec des rythmes parfois endiablés souvent rapides puis avec des ralentissement où il faut tout le temps garder l’équilibre et changer d’appui. On ne peut pas dire, et en ce moment c’est très très net, car on a cassé l’illusion de toute puissance, que tout allait aller bien toujours de mieux en mieux, en expansion…
On sait que l’actualité de ce jour n’est pas celle d’hier; Les règles imposées aujourd’hui ne sont pas celles de demain. Et ça va changer et presque personne ne sait rien et comme on est bousculés on reprend les fameuses étapes d’acceptation d’épreuves comme les étapes avant la mort analysées par E Kubler Ross.
D’abord on ne  veut pas croire, on est dans le déni; ensuite on est dans la colère on trouve bien quelqu’un à qui s’en prendre surtout que les accusations et soupçons sont nourris répétitivement. Chacun ne se renseigne qu’auprès de ceux qui pensent comme lui donc on s’enferme complètement et on part dans des hystéries accusatrices comme un enfant qui trépigne; et après il y a cette histoire de marchandage. C’est déjà un début d’adaptation qui essaie de sauver les meubles. Mais sauver quoi ? Est ce qu’on veut sauver l’essentiel ?  chacun doit se demander. Que voulons-nous essayer de sauver. Ce n’est pas toujours du premier coup  l’Essentiel. Au bout d’un moment on se rend compte que l’Essentiel c’est pas du tout dans les meubles, dans les choses, dans les théories et savoirs, ni meme dans le pouvoir. C’est dans les gens, les animaux, les saints, les fées, les dieux, c’est dans la relation à l’autre, aux autres, au Grand TOUT AUTRE, à la GRANDE TOUTE AUTRE dans l’amour, dans l’affection et beaucoup d’entre nous ont découvert combien c’était important de rester reliés même à distance et même surtout à distance. Là je vous vois et je vous aime comme vous êtes.

Je reviens à cette histoire de NOUT de SHOU et de GEB la terre, c’est-à-dire que dans l’enchaînement de mudra proposé il y a un moment où l’on s’accroupit et l’on touche le sol, on s’accroupit comme dans tout ce qui fait  apana.
Apana : c’est expirer. Mais c’est aussi faire pipi, faire caca, ne pas garder pour soi ce qui nous a nourri à un moment ou irrigué mais qui nous empoisonnerait si on le gardait. C’est fondamental, notre système digestif. On est là accroupi comme aussi pour accoucher naturellement, et on dépose, on pose,  on ne retient pas, on s’en remet et puis il y a un moment où l’on se redresse et l’on s’oriente. Il ne suffit pas de lâcher, il faut se remettre debout. C’est toujours cette dualité, il faut s’incliner et se redresser. Hop Position! Cela fait partie de ces couples d’opposés. On est redressé et l’on sait ce que l’on veut. Après être redressé on prend sa part et on soulève, on porte ensemble. On a ce mouvement de soulever et de mettre tout d’équerre (jambes, bras) comme on a construit l’architecture et comme on sait qu’on a des  fondations importantes et quand on a levé hors du marécage des effondrements, alors on s’ouvre en étoile et on est dans le « je peux ».
Ce mudra qui nous invite d’abord au souffle du vent ( SHOU) puis Shou Nout ( suivre lien)  peut nous porter très loin. En plus cela s’inscrit dans le corps.

La présence de l’étoile, l’étoile du centre, l’étoile fixe, étoile polaire c’est TARA en sanskrit. Bien avant le bouddhisme, TARA c’est «point ne se tourne qui fixe une étoile », c’est le fait d’être vraiment dans son axe et de voir tourner la voûte étoilée.
Si vous avez des insomnies et qu’il fait clair, essayez de regarder les étoiles, si c’est possible. C’est fantastique de voir par exemple Orion et de savoir quelle heure il est…On peut lire l’heure dans les étoiles,  mais surtout se rendre compte que les étoiles sont toujours là, et elles sont là tout autour…et Tara est notre boussole!

Les étoiles sont là, ce qui nous guident…(je vous en ai parlé à propos de l’étoile des rois mages).
Ce qui nous guide, Ce vers quoi nous allons, c’est toujours là. Nous pouvons l’oublier, nous pouvons le perdre, ça peut être enfermé, et nous pouvons nous effondrer sur le sol comme si NOUT  collait au sol, et qu’il n’y avait  plus d’espace pour vivre. Et c’est nier l’incarnation, c’est se croire en exil, c’est attendre que ce soit fini pour faire partie des étoiles alors que ce qui nous est demandé c’est de créer un espace,  de soulever, de vivre vraiment et d’éclairer cet espace.
C’est très bien dit aussi dans la Genèse, ou dans les autres mythes mésopotamiens,  sur la création du monde  c’est séparer les eaux d’en haut et les eaux d’en bas, les ténèbres de la lumière…etc
Construire.
Donc cela semble un enseignement un petit peu paradoxal parce qu’ il y a un appel à construire pratiquement à angle droit en étayant, se redressant, avoir conscience des bases et en même temps à circuler de façon cyclique, à toujours retomber sur nos pieds dans une danse qui parfois nous semble un peu endiablée. Ne pas perdre l’équilibre et pour cela , s’engager toujours nouveau et fidèle.
Etre libre, c’est être le disciple aimant de la Vie.    

QUESTIONS // REPONSES   (13 Janvier 2021)

Q : Comment faire pour s’opposer sans aller contre ?
M : Oui c’est un vrai paradoxe.
 Etre «  pas d’accord » c’est refuser que CELA existe.
Faire Hop-position c’est prendre la mesure de la situation dans laquelle on est, avec laquelle on n’est pas du tout d’accord, où il faut vraiment agir ou dénoncer. On en prend la mesure, on ne le nie pas. On ne refuse pas d’être placé face à cela. Parfois le surgissement de la colère peut donner un peu de jus à ce refus (pas plus de 3 minutes…) Mais ce qui est important c’est de voir où sont nos appuis, nos racines notre centre  et faire opposition (DURGHA : non ça ne passera pas…).
Revenons à Mandela qui a continué à témoigner de son opposition au racisme et qui n’en a pas démordu, cette opposition, Hope position, lui donnait une force profonde, alors que s’il avait été juste dans la révolte impuissante et plein de chagrin il n’aurait pas pu tenir le coup.
Pour pouvoir faire opposition il ne faut pas se détruire, donc il ne faut pas aller au-devant du martyr.
Joseph, dans l’histoire du massacre des innocents, a fui en Egypte avec sa famille. Il est allé du côté de la connaissance mais il n’a pas cherché à se faire massacrer avec sa famille.
Par exemple quand nous sommes dans une situation où il y a opposition à faire, il faut le faire aussi avec des moyens habiles, il faut parfois savoir esquiver. Le chevalier, par exemple, apprend l’escrime, il a un bouclier, il sait faire des parades. Il ne va pas comme ça la poitrine en avant. Je vois dans la violence hystérique actuelle, ou dans les échanges, des personnes qui « montent dans les tours » et racontent combien tout le monde est méchant et combien ça va mal. Il n’y a plus du tout de tolérance. Quand on est dans l’opposition on est capable de faire des nuances. Quand on est dans l’hystérie d’être victime ou d’être sauveur, c’est fini les nuances. Et qui nous apprend ça ? C’est d’être relié, au cœur de notre cœur à l’Infini. C’est pas nous avec notre petit moi, nos connaissances philosophiques, psychologiques …c’est quelque chose qui est au cœur de nous que certains appellent DIEU, la Déesse, la Vie, l’énergie, la Présence…
C’est cette dimension l) qui nous permet le recul intérieur et un autre regard. Ayant pris position , assumant son Dharma,  il faut se mettre dans l’action. Comme Arjuna dans la Bhagavad gita,
il ne faut pas nourrir le conflit, mais ne pas le fuir à tout prix.
Certaines personnes préfèrent accepter n’importe quoi pour acheter la paix. Par exemple, une situation familiale : avec les enfants, les adolescents, ou même plus âgés, qui continuent à peser, à « téter » leurs parents, à attendre que ce soit eux qui se démènent pour eux. Parfois on confond l’affection avec l’attachement et c’est très difficile de risquer le recul dans le détachement. Mais ce n’est pas parce que nous sommes dans la Voie du Cœur que nous devenons des « béni-oui-oui ». Ce n’est pas parce que nous sommes dans la Voie du Cœur que nous n’allons pas lutter contre les injustices et dénoncer les « saloperies » par exemple.
Ce n’est pas confortable mais c’est essentiel.
Si je reprends l’exemple par rapport à l’enfant c’est constructif. Aucun enfant ne va pouvoir se construire, s’il ne peut pas s’appuyer contre, contre un mur, contre ses parents. Cette nécessité, qui est dans le mythe de SHOU : clarifier et  décoller ce qui voudrait rester fusionnel

 Q : Agir POUR ou agir CONTRE ?
M : l’opposition en ce sens, c’est promouvoir la justice. sur  une icône de Jésus , il a un œil de justice  et un œil de miséricorde,  et il faut qu’il y ait la justice avant la miséricorde. Sinon la situation est pourrie.
Etre pour la justice, c’est être contre les injustices…
M : Quand je parle d’opposition, je pense à HOP! se redresser face à ce qui n’est pas juste.

Q : Consentement et opposition ?
M : C’est profondément vrai que c’est au coup par coup. Il ne faut pas être contre, mais faire opposition parfois. Le consentement va plus loin que d’être d’accord. Le consentement profond c’est «que Ta volonté soit faite», « Inch’Allah », c’est : Ce qui est, la vie que je mène, la situation dans laquelle je suis, je la prends dans mon cœur, j’adhère, je suis apprenti de ce qui est. Il n’y a pas à se dire : il faut être contre. Il faut simplement rectifier certaines choses, parfois. Parce que s’il y a des injustices, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans la vie que nous partageons , s’il y a des injustices et qu’elles sont étouffées, elles font des poisons dans la cave, elles macèrent, elles fermentent. Il y a des injustices que nous acceptons, à moitié par gentillesse, à moitié par lâcheté peut être, pour ne pas faire mal. En fait cela ne fait pas de bien à celui qui est injuste et ça ne fait pas de bien non plus à celui qui subit l’injustice. La Voie du Cœur nous invite à une vie de plus en plus paisible, aimante, consentante, mais pas « cui-cui, les petits oiseaux ».
Je voulais vous parler de la peur. Elle est nécessaire à l’être humain. C’est comme ça que l’on a survécu. Mais l’amplification de la peur c’est assez jouissif.  Quand on était enfant on aimait bien jouer à se faire peur, jusqu’à un certain point. C’était bien d’avoir peur, de frissonner ensemble. Ou bien il y a tous les gens qui regardent des films d’horreur, en sachant qu’ils sont bien assis tranquilles chez eux… Il y a une espèce d’attrait aussi pour la peur. Le contraire de la peur, je pense que c’est l’amour. La peur et l’amour ne font vraiment pas bon ménage. La peur peut nous paralyser ou bien nous rendre violent et en même temps, la vie c’est une prise de risque. Vivre, c’est risquer de vivre, naître c’est déjà risquer de mourir, aimer c’est risquer de perdre, s’engager c’est risquer d’être déçu…etc. Mais alors est ce que l’on va refuser de naître (c’est trop tard…), est ce que l’on va refuser d’aimer ? Refuser d’aimer, pas seulement les êtres, la vie, les choses, les animaux, la Présence ?
Si on n’aime pas on est en enfer. Mais si on aime, on a des moments où l’on ressent la perte, l’abandon. La relation n’est pas forcément comme on voudrait qu’elle soit et on peut traverser des moments de sécheresse.
C’est bien connu pour les mystiques, les nuits de l’âme, le désert intérieur et dans la vie, dans les relations parfois on ne sait même plus si on aime ceux qu’on aime. Par exemple dans le confinement, les gens qui sont agacés de vivre les uns constamment sur les autres pendant des semaines sans pouvoir s’échapper de la promiscuité et après si jamais il y a un accident on se rend bien compte comme on aime fort cette personne.
Vous allez me dire c’est loin de la peur, mais non, parce qu’en fait, de tout temps, mais de nos jours aussi, il y a beaucoup de gens qui essaient de ne plus vivre pour ne pas mourir et qui ne respirent qu’à moitié par exemple. C’est nous ça…On se rend compte : « mais, t’as vu comment tu respires ? Tu pourrais expirer un peu plus au lieu de te dépêcher d’inspirer après. Et tu as vu comment tu inspires ? tu ne dilates pas du tout  ». La prise de conscience alors nous libère.
Regardez combien  nous pouvons nous enfermer dans nos protections. Je ne dis pas qu’il ne faut pas se protéger et protéger l’autre, mais combien ça peut devenir un enfermement qu’on ne sent plus. Je prends un exemple très simple : je vis dans une région où l’on ne porte pas le masque, sauf quand on va en ville. Je vais à la boulangerie et hier je mets mon masque sous mon menton. La boulangère me dit : » vous n’avez pas mis votre masque sur votre nez ». Je ne le sentais pas parce que je ne suis pas habituée à le porter Mais je respecte sa demande. Quand je l’ai c’est particulier  je sais que ça va pas durer longtemps.
Et Je parle avec des personnes qui ont le masque tout le temps, dans leur travail, du matin au soir. Donc eux ne sentent plus la protection et parfois le gardent même chez eux. On s’accoutume et nous n’avons pas les mêmes contraintes et libertés.
Et quelquefois on se met des restrictions, par exemple dans l’amour où l’on veut seulement que l’amour ne concerne que certains domaines et pas d’autres. Enfin bref on a du mal à se donner, on a trop peur.
Et la vie spirituelle, la relation, ce n’est pas rigolo tous les jours parce qu’il y a une ardeur et une intensité. Il y a des moments où l’on est comblé de grâces. Alors c’est super, évidemment, et puis après il y a des moments plus arides et il ne faut pas sombrer dans la peur mais maintenir l’exercice maintenir les RDV avec Ce qui peut sembler absent, persévérer.