Le Bonheur

25 avril 2021

Orientons cette session (et cette lecture) pour que tous les êtres puissent savoir reconnaître le bonheur quand il passe et que nous travaillions à être pleinement heureux pour diffuser cette vibration d’ouverture. On peut être pleinement heureux et en même temps déchirés.
Plénitude et déchirement,  ne pas oublier l’un ou l’autre.
Une citation retrouvée dans un carnet pose bien la question :
« De quel bonheur s’agit-il ? Et comment entendre ce message de bonheur face à la peine, aux déchirures intérieures et aux révoltantes misères autour de nous ? Il n’y a pas de mode d’emploi mais une quête qui nous concerne au plus haut point sans réponse toute faite.
Oui nous pouvons chercher ensemble d’un cœur patient et ardent, fraternel et authentique ».
Oui, chercher ensemble grâce à la fraternité, c’est cela la sangha. On est vraiment reliés, en sécurité et en amitié profonde, par une origine commune.

En travaillant sur le karma, j’ai vu que finalement dans beaucoup de traditions, il y a une vision négative de la vie, de l’incarnation. Une vallée de misère qui n’est pas le royaume des cieux, la cage du samsara dans laquelle on est enfermé et dans laquelle on tourne avec la seule espérance d’en sortir par ce qu’on appelle l’éveil. Et finalement la vraie vie serait l’après vie,… « vivement que ça passe ! »
Si c’est aussi présent, c’est que c’est dans notre inconscient. Il y a quelque chose en nous qui résonne avec cette idée. Il est vrai aussi que parfois on peut se sentir en exil dans le monde tel qu’il est et non pas tel que l’on espérait qu’il soit.

Alors je vous dis « bienvenue sur terre, bienvenue dans l’incarnation ».
Dans le tantrisme ou la lignée de Sri Aurobindo la vie n’est pas une punition. Bien sûr toute naissance suppose une mort. On pourrait se demander : « A quoi bon aimer les êtres puisqu’ils vont mourir ?». On pourrait se le demander, si nous regrettons d’avoir aimé ceux qui nous peinent par leur départ. Cependant, après une période de deuil, le chagrin de la perte (toute sorte de pertes) peut nous faire goûter le bonheur qu’on a eu de les avoir aimés et de les chérir encore, de les avoir rencontrés, de les avoir laissé ouvrir notre cœur, briser nos carapaces, briser la gangue du cœur et amener plus loin que ce que l’on aurait pu faire en vivant séparé, « protégés » d’aimer !
Nous ne devons pas ignorer non plus l’appel de notre corps au bien être, et de notre cœur au partage et au sens.
Avons-nous le droit d’être heureux alors que d’autres sont dans le malheur ? OUI, c’est un bon heur qui inclut la fêlure inhérente à cette vie dans la dualité.
On peut épouser la compassion et l’équanimité ; le déchirement de notre impuissance devant la peine et cet appel à rendre grâce, appel à la louange. Pour servir, nous sommes conviés à nous occuper de ce qui émane de nous pour pouvoir aider autour.

Un souvenir heureux va-t-il nous rendre triste parce qu’il est perdu à jamais ? (Ô  temps ! suspends ton vol et vous heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez –nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours !  Lamartine.) Ou peut-il être une richesse, un trésor en nous, un tremplin pour parfois repartir d’un bon pied et un ancrage pour pouvoir accueillir avec une sorte de solidité intérieure les aléas de la vie, toutes les peines  et toutes les confidences.
Comment nous situer par rapport à ces souvenirs heureux ? On connaît tous des personnes qui pleurent un état passé et qui ne peuvent plus sourire à un état présent. Quel chagrin !
C’est notre conception de ce qui est juste qui va orienter nos choix de vie.
On peut cultiver la souffrance de l’exil. Nous avons en nous une expérience et une nostalgie (algos : douleur / nostos : retour) du paradis, de l’Infini et puis après nous retombons dans la matière de notre vie. C’est la base de toutes les théories de l’âge d’or, du Kali Yuga en  Inde (avant le Kali Yuga c’était le Krita Yuga : l’âge d’or), ou encore le péché originel, la vie amniotique…

L’Amour reçu, donné est une clé pour s’autoriser le bonheur.
Je reviens sur cette phrase «  Je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et je serais guéri ». C’est important de la remettre dans le contexte biblique. C’était un occupant, un centurion romain, qui demandait un miracle pour son fils. Il ne se sentait pas digne de demander. Mais il dit « Si tu dis juste une parole, je sais que mon fils sera guéri ». Il exprime ainsi une foi extraordinaire dans le pouvoir de l’amour.
Pouvons-nous accepter que nous sommes profondément aimés ? Nous sommes aimés sans mérite, sans condition. Mais nous n’avons pas tous fait cette expérience au même moment selon notre histoire ou la culture dans laquelle on a été élevé. Pour certains d’entre nous c’est plus difficile de croire qu’on est aimé, sans condition.
Pour résumer, dans la dynamique de la vie divine, de tout ce qui nous est proposé on peut faire d’un souvenir heureux, d’une expérience heureuse, un poison ou au contraire cultiver, nourrir et accueillir le mouvement, danser avec ce mouvement.

Le bonheur est –il un droit ? Un devoir ? Faut-il le mériter ?
C’est important déjà de se poser la question pour identifier quels sont les empêchements au bonheur. Ce n’est pas toujours une évidence. Il a fallu pour certains une longue psychanalyse pour découvrir ça. Il y a des thérapies qui soignent le bébé abandonné qui pleure en nous par exemple.
Est-ce un devoir ?
Il est nécessaire que nous le trouvions pour nous, pour pouvoir le transmettre. Si nous avons une vision dépressive de la vie avec amertume désespoir nous aurons beau avoir tous les discours possibles et essayer de soulager les misères en étant nous-mêmes misérables, ça ne va pas marcher. Je vous cite Guendune Rimpoché, très précieux Rimpoché, c’est un nom que l’on donne aux lamas tibétains. C’est très précieux qu’il soit venu sur terre et qu’il ait partagé avec nous.
« Le bonheur ne se trouve pas avec beaucoup d’effort et de volonté, mais il réside là tout près dans la détente et dans l’abandon.
Ne t’inquiète pas il n’y a rien à faire. (…) C’est comme l’arc en ciel. »
L’arc en ciel, on ne peut pas l’attraper. Il vient quand il y a un mélange de pluie et de soleil. J’aime beaucoup son image, le bonheur arc en ciel. Si on court après on ne va jamais pouvoir le saisir.  Diffraction de la Lumière en mille couleurs de la vie.  Il termine :
« L’espace est là, ouvert, hospitalier, confortable, alors profites en, tout est à toi déjà.
Ne cherche pas, ne cherche plus, ne va pas chercher dans la jungle inextricable l’éléphant qui est tranquillement à la maison.
Rien à faire, rien à forcer, rien à vouloir et tout s’accomplit spontanément. »
C’est intéressant de voir ces petits bonheurs « pour rien ».
Paradoxalement on peut dire aussi que le bonheur se saisit, comme le pompon dans le manège. On peut attraper le bonheur et en même temps on ne peut pas le tenir, l’enfermer, le garder. Il est par essence fugitif, sauf celui qui ne dépend pas des circonstances. Et ça passe à un autre plan. Mais nous vivons dans ce plan du quotidien, incarnés, et donc nous n’avons pas à cultiver une joie ultime promise plus tard, qui s’accompagnerait d’un «  je n’y arriverais jamais », par exemple en disant « je ne pourrais jamais être heureux tant qu’il y aura quelqu’un qui souffre sur terre ». Cela accroît encore la charge dans la balance du malheur. Mais on le comprend bien et  ce n’est pas faux. Il y a toujours une fêlure en nous de savoir le chagrin,  la déchirure,  l’ignoble traitement que subissent certains.
Il y a également ce que je nommerai une forme de masochisme spirituel, qui nous a fait croire que plus on souffrait, mieux c’était. C’est inverser quelque chose de très profond qui nous dirait que peut être la souffrance dédiée, offerte nous amène à un autre niveau d’être. Mais il n’a jamais été recommandé de chercher la souffrance et de se l’infliger à soi-même.
Comme dans le yin et le yang, on ne peut pas avoir un bonheur sans nuage. C’est plutôt un arc en ciel.
Nous pouvons aussi trouver, et parfois dans le milieu du yoga, à la fois la valorisation d’être zen, cool, comme une caricature du Bouddha, « je ne sens rien, la souffrance n’existe pas puisque je n’existe pas, je n’ai plus aucun désir de vivre » et en même temps la valorisation de l’hyper sensibilité et là « je suis le centre du monde, tout le monde doit faire attention à mon rythme» C’est curieux certaines personnes ont la prétention aux deux. La sensibilité c’est aussi à nous de la diriger. C’est nous qui pouvons pervertir et soit nous anesthésier pour ne pas souffrir, soit au contraire de valoriser de souffrir, d’être hypersensible et de mettre un peu les autres en otage. Le Hara et le point d’équilibre sont alors perdus.
On peut dire aussi que le bonheur se cultive, il se décide même. Quand on revient au creux de soi, on fait des vœux pour la journée qui va commencer ou bien on revoit la journée qui a eu lieu et on entre dans la nuit avec ce vœu aussi, comme une prière. On peut décider de regarder la petite fleur qui est là, de l’arroser, de retirer les mauvaises herbes…
Et ce bonheur que l’on cultive peut être caché (« pour vivre heureux vivons cachés »…). Caché pour ne pas trop faire envie. On peut se poser la question d’afficher notre bonheur aux yeux de ceux qui ne sont pas aussi bénis par la vie. Mais a contrario, ce bonheur caché doit irradier et nous avons à en témoigner. Nous en sommes le réceptacle et nous en sommes aussi le témoignage, car c’est ce témoignage qui peut faire échec à la morosité ambiante et à notre propre oubli de la gratitude.  Ce bonheur irradie et  rayonne comme une fleur il diffuse un parfum de guérison. Il guérit parce que nous sommes dans la gratitude. Il n’est pas toujours là. Il peut y avoir beaucoup de peines, de chagrin, toutes les déchirures inhérentes à la dualité, mais nous pouvons prendre appui sur de tout petits bonheurs, pour rien. Bonheur de voir passer un oiseau… Et le bonheur qu’on se donne à soi vers le SOI, par des jeux, des rites. Les rituels c’est comme quand on était petits, on s’amusait à faire de la cuisine avec de la boue et  trois feuilles, par exemple. Je pense à Épicure qui disait que le bonheur est dans les petites choses toutes simples d’une vie frugale. Ces petites choses qui ont dilaté un épanouissement de l’être et qui est le bien être vital dirait Mère (Sri Aurobindo) d’habiter vraiment cette vie, au mieux de ce qui est possible. Par exemple, quand on voit un chat qui s’étire et qui ronronne, on voit combien ça nous fait du bien. Le bonheur est communicatif.

Et le plus grand des bonheurs c’est de le donner.
Un de plus grands bonheurs c’est de faire un cadeau. Vous savez ce bonheur quand nous préparons les cadeaux. En fait on devrait s’offrir des cadeaux pour rien, ne pas attendre les anniversaires ou autres fêtes…Le bonheur n’est bonheur que s’il se partage.
S’il ne se partage pas il pourrit, il moisit, il ne respire plus. C’est donc une respiration et il peut se chercher, se trouver, en se laissant guider, par les rencontres, les lectures…on se laisse conduire. C’est comme Arjuna qui se laisse guider par Krishna. C’est pourquoi nous ne cheminons pas pour gagner une récompense personnelle. Nous sommes reliés et tout ce que nous recevons et faisons puet être dédié, c’est fondamental !

Bonheur et émotions
Quelqu’un me parlait de la colère. C’est une belle énergie. Ce qui est nuisible c’est le ressentiment. La colère c’est comme un cheval. Un indien va attraper au lasso un cheval  et ensuite il va sauter dessus et le dresser. Il utilise son énergie et le conduit. Donc la colère peut être une belle énergie, contre l’injustice par exemple, mais elle ne doit pas nous empoisonner. C’est nous qui guidons, qui sommes responsables. Nous ne sommes pas emportés par nos pulsions. Nous ne montons pas « sur nos grands chevaux ». Pour la tristesse, qui est aussi une émotion c’est plus difficile et il ne faut pas nier la peine. Il y a le temps pour le chagrin. Mais comme pour la colère qui ne doit pas faire du ressentiment, le chagrin ne doit pas nous entraîner dans l’effondrement, la dépression, dans l’entretien du malheur. Il y a une mode de la souffrance, qui présente les gens malheureux comme plus intelligents que les gens heureux (gentils, « niaiseux »…). On rencontre des personnes « en enfer » qui se nourrissent du malheur.

Le sourire : Selvi Sarkar me disait qu’en Inde  on apprend très tôt aux enfants à sourire s’il y a quelque chose qui fait mal, on apprend à sourire d’abord. C’est la culture de l’Orient. Pour elle c’était une politesse du cœur. Bien sûr on peut tomber vite dans la caricature. Mais cela montre aussi comment on peut essayer d’orienter sa vie et le décider. Trouver des petits moyens pour sortir du marasme et de l’accablement.
Si je reviens à ce bon heur, on utilise encore le mot heur dans « Est-ce que ça a l’heur de vous plaire ? ». Ça ne vient pas du même mot que bonne heure .Heur : c’était les auspices, ce qui va pouvoir changer nos vies  et le mot heure vient de hora. La bonne heure c’est être vraiment là au rendez-vous avec ce qui est, avec ELLUI. C’est un RDV qui va nous transformer. Parfois cela va nous transformer avec la confrontation avec la mal heure, la mauvaise heure.
Le bonheur est-il compatible avec le malheur, la malédiction ? Parfois nous héritons de malédictions familiales par exemple, des paroles qui peuvent tuer, des injonctions…Est ce que la bénédiction peut être plus forte et quelle est la mesure ?

J’ai retrouvé un conte de Saadi, poète soufi iranien.
Un calife décide d’aller traverser la méditerranée avec ses serviteurs, ses esclaves.  Il y a en particulier son esclave masseur qui n’arrête pas de gémir et de hurler jour et nuit tellement il est terrorisé d’être sur le bateau. Le calife fait venir son derviche et lui demande de faire quelque chose pour qu’il s’arrête mais lui demande de ne pas le tuer, ni de lui arracher la langue. Le derviche accepte et presque immédiatement on n’entend plus cet esclave. Le calife va vérifier qu’il est toujours vivant. Il demande au derviche comment il a fait. Celui-ci lui répond «  je l’ai jeté à l’eau et il ne sait pas nager. Il s’est débattu, il était en train de se noyer et je lui ai lancé une corde. Et je lui ai dit : tu as connu les affres de la noyade et voilà, tu connais la sécurité du bateau. Tu es content,  tu peux remercier maintenant»
Est-ce que ce masseur est devenu plus fort parce qu’il n’a pas été tué (ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.). Non, car il a été fragilisé, il a sans doute eu très peur. Il a pris conscience qu’il pouvait mourir. Mais à l’intérieur de lui est apparu l’essentiel, la gratitude de ne pas mourir et le bonheur de revenir sur le bateau. Une sagesse venue de l’expérience.
Cela pose la question de la mesure de notre capacité à l’émerveillement, à la gratitude, en relation avec notre capacité à traverser les épreuves.
C’est un peu comme cette parole de Kalil Gibran :
« La douleur creuse un puits d’où jaillit la joie. C’est la même mesure ».
Nous le savons car nous rencontrons des êtres qui sont rayonnants de joie et qui ont connu des épreuves terribles et d’autres qui ont rencontré presque rien et qui n’ont pas de grandes joies car ils se préservent de tout.
Jean Yves Leloup cite le pape Shenouda , un pape copte qui dit «  Jette une poignée de poussière dans un verre d’eau ou dans l’océan, ça ne va pas faire la même chose. Dans un verre ça va salir l’eau, dans l’océan il n’y a pas de problème car le récipient est vaste et régénérateur. » Tel est le cœur.

Bonheur et joie.
Si je reviens au bonheur, sa source est en  Shraddha, la foi active, qui a donné le mot credo en latin,  notre foi d’être aimés. Notre Joie d’être reliés.
Cette notion de bonheur, bien être, joie béatitude s’adresse à différents plans de notre être, et cette notion, qui est dans le tantrisme et dans le Yoga intégral aussi, que nous sommes dans un mouvement perpétuel (même le nirvana est déjà dans le samsara : c’est déjà là). La voie du Cœur est aussi un Bhakti yoga. C’est participer à cette vie infinie. Bhakti c’est l’amour et c’est le don à l’amour et c’est la ferveur. On peut tout dépasser parce que l’amour efface tout, est plus fort que la mort, que la séparation. Et l’amour s’exprime par l’offrande et la capacité à recevoir.
Au début la puissance supérieure, l’Infini, pouvait terroriser les êtres, on lui faisait même des sacrifices humains. Après avoir été dans la Bible un dieu jaloux et terrible, après avoir été un juge qui nous a créé imparfaits pour nous le reprocher, nous sommes arrivés à un dieu d’amour, à une présence d’amour, à un Vishnou qui bénit les êtres et qui s’incarne en Krishna par exemple, ou un dieu d’amour dans la Bible ou Allah le miséricordieux…etc.

La philosophie aussi peut développer des théories désespérantes. En fait si nous sommes incarnés, créés ou pas créés, manifestés, si vraiment nous n’avons pas une foi confiante dans cette vie, si nous croyons que cette vie est une vallée de misère, c’est une sorte d’injure faite à la Présence Infinie qui nous habite. Si on dit «  que Ta volonté soit faite » ce n’est pas imaginer un dieu malveillant nous amène toute sorte d’épreuves exprès pour nous faire grandir. Ce n’est pas ça du tout. Nous sommes dans un grand athanor cosmique. C’est à dire un lieu où nous sommes apprentis, un fourneau où  nous « cuisons », et de ce qui nous plombe nous faisons de l’or. Nous sommes en transmutation. Nous passons par toute sorte de couleur comme l’arc en ciel avec cette foi d’être tournés vers le meilleur, vers ce qui est bon, beau, vers le partage, vers la relation.

Je partage avec vous la fin d’une lettre de Gabriel Monod Herzen qui me dit:
«  sois heureuse et je le serai ».
C’est ce qu’on dit à ceux qu’on aime. Et on le souhaite à tous les êtres humains et à tout le vivant. On fait des vœux. On ne peut pas dire mieux, plus. Si nous voulons faire plaisir à ceux qui nous aiment, nous essayons d’être heureux. Si nous rencontrons quelqu’un qu’on savait en train de traverser une épreuve, et que tout d’un  coup on voit qu’il y a eu un petit miracle, on accueille avec bonheur de voir cette personne heureuse. Donc pour nous c’est pareil. Il est important que nous rendions grâce au bonheur qui passe parce que c’est un cadeau pour l’autre, les autres et peut être aussi pour l’Infini, la Présence, la shakti, la Mère Divine… de nous voir heureux. Je pense que la terre est heureuse de voir une plante qui s’épanouit. Il est vraiment important que chacun donne le meilleur de lui-même.
Mais parfois c’est très difficile de dire à quelqu’un qui est en pleine détresse « Sois heureux et je le serai », tout dépend du contexte encore une fois. Ce peut même devenir un chantage enfermant, une injonction destructrice ou une source de culpabilité pour celui qui souffre.

Pour donner le contexte, voici ce que m’écrit Gabriel:

« Chère Michèle, bonne année nouvelle.
(On pourrait dire bonne journée nouvelle, bonne vie nouvelle tout est nouveau à chaque instant).
La voici qui vient, faisons lui confiance en nous rappelant la devise : point ne se tourne qui fixe une étoile.
(L’étoile c’est Tara, c’est l’étoile polaire. Nous pouvons tourner dans tous les sens nous avons une étoile au-dessus de nous qui est notre axe).
C’est en toi-même au centre de ton être que se trouve CELA qui attend (ELLUI) nul ne peut ni ne doit prendre sa place. Car s’il est bien vrai que ton présent était en somme voulu dans tes décisions passées (on retrouve cette idée de destin, d’être conduit) ce présent tisse inlassablement la toile de tes demains, dont l’aspect sera l’image de ce que tu appelles ton dharma. (Finalement nous devons choix après choix, respiration après respiration, être tournés en confiance et en même temps en orientation volontaire, vers ce Svadharma). Le dharma, c’est la volonté de la vie et la capacité de comprendre comment l’immense athanor du cosmos nous accepte comme élément étincelle de vie, espoir et joie. (Cela veut dire que nous sommes une partie de cet immense athanor  qui transmute tout ce qui est et à force de « Solve coagula », de laisser se dissoudre et cristalliser, nous devenons des cristaux, nous devenons l’or alchimique. Ce qui s’adresse à moi, s’adresse à vous…)
Que le meilleur de toi-même dirige ta barque, oh fille d’ISIS vers cette autre rive où fleurit le blé d’or. Sois heureuse et je le serai»

Cette idée que de cultiver son bonheur permette à l’autre de naître à lui-même, c’est une clé de vie.
Nous ne sommes pas séparés et la petite goutte de rosée qui nous enchante peut à l’autre bout du monde ou du temps
inonder de joie un espace où se déploie l’arc en ciel, signe d’alliance.