Transcription  de l’enseignement
du 21 02 2021

 

Quand on dit Namaste, on dit « je salue l’Infini qui est en toi ».
Nama, c’est l’action de nommer.
Vers cet état de méditation,  pratiquer un salut,  un enchaînement de mudra,  nous met dans un état de réceptivité.
La méditation c’est  se  rassembler (dharana), je n’aime pas trop le mot se concentrer car il y a une idée de tension, de crispation.
La différence entre tenir et crisper, être détendu, nonchalant mais pas sans respect de son corps, de soi, des autres
ni de la forme qui va faire un pont, nous mener vers l’infini.
Qui va faire de nous des pontifes.
Lors d’un rêve de pont, Gabriel me dit « tu deviens pontife ».
Faire le pont est essentiel (pontifex), faire le passage, le gué, être ce pont et relier les 2 rives.
Ce n’est pas passer sur l’autre rive pour y rester.
Cela éclaire le mantra Asato ma sat gamaya ….

GAMAYA : on le traduit par « conduis-moi ».
En fait MA,  c’est le Nous, comme disait Jeanne d’Arc ou les boddhisattvas.
On ne peut pas être sauvés tout seul puisque nous sommes ce corps, ce grand corps.
Aucun de nous ne peut prétendre à l’éveil en se coupant des autres,
le nous, MA, je et toi, Je et vous, nous autres (nosotros en espagnol)
GAMAYA, « fais-moi passer » transforme moi dans ce passage entre 2 opposés présentés comme contraires.
ASATO //SAT : SAT, c’est la vérité et CE QUI EST, la Présence de ce qui est indubitable
et ASATO c’est l’illusion, le regard que nous avons de notre point de vue subjectif ;
nous avons des opinions qui viennent de nos imprégnations, vasana, nous pensons savoir, sentir, en fait nous vivons dans notre petit monde et nous recevons ce qui vient conforter notre vision du monde.
GAMAYA,  c’est demander que notre cœur,  nos yeux,  s’ouvrent à SAT, CE QUI EST, ce qui est le premier nom que l’on donne à l’Infinie  Présence,
Tu es SAT (vérité) CHIT (conscience connaissance) et ANANDA (joie infinie).
Demander ce passage vers SAT, CHIT ANANDA.
Mais ASATO,  ce sont aussi nos voiles et nos dénis pour ne pas souffrir.
Cela nous protège un temps, tant que ce n’est pas mûr,  avant d’être exposé à la vérité de CE QUI EST
(ex : dans l’enfance, les genoux couronnés et l’envie de retirer les croûtes pour voir si c’était guéri…mais ce n’était pas mûr et donc l’impatience).
Souvent on voit l’autre avec impatience: « Mais tu ne vois pas ?… ».
Dans la série «en thérapie», on voit les circonvolutions et les colères quand on commence à approcher ce qui nous dérange…
pour ne pas arriver tout de suite à SAT, c’est important de respecter le chemin.
Le fait que nous passons d’une rive à l’autre; d’ASATO où nous croyons être le centre du monde et voyons le monde avec nos lunettes parfois protectrices, à SAT, la vérité.
En même temps ces opposés peuvent s’épouser comme les 2 triangles de l’étoile à 6 branches (étoile de Shiva en Inde…)
Nous avons vu en Inde, un temple avec 80 Yoginis, chacune étant accompagnée d’une étoile…
Les opposés sont là pour s’épouser et il ne faut pas essayer  de se débarrasser de l’autre pôle, la vérité contraire.
ASATO MA SAT GAMAYA : Quand on le dit c’est un peu dangereux. Car ça va nous réveiller.
Peut-être que dans la vie, dans un rêve, on va être cueilli au passage, on va voir qu’on est dans ASATO et  SAT arrive et nous dérange. Nous sommes dans une sadhana, un chemin qui peut déranger une part de nous qui voudrait bien devenir presque saint mais sans lâcher, sans prendre de décision.
Une fois qu’on a vu, il faut que ça s’accompagne d’une décision, d’un travail de  souvenir.
Parfois il faut écrire car ça se recouvre vite.
On a fait une prise de conscience mais on oublie et on continue comme avant,  on se ment alors qu’assumer nos choix fera que ce ne soit jamais comme avant.

TAMASO // JYOTIR…GAMAYA .Il y a un appel,  il y a un TU,  ça s’adresse au guru intérieur, à l’Infini, la Déesse…. à une autre part de moi, au lama intériorisé qui nous aide à sortir du TAMAS.
Dans la prière universelle de Mataji, on retrouve le coté yang : Délivre nous de l’égoïsme, colère jalousie…
Et le yin: la peur, le doute, l’inertie.
Ce marécage,  grouiller dans notre souille, c’est TAMAS .
C’est le « à quoi bon », le glissement, la perte de sens, la perte d’énergie.
Quelquefois,  ça nous mène à la maladie, ça nous grignote de l’intérieur c’est une sorte de crabe, de cancer. Nous perdons notre immunité.
JYOTIR : c’est jaillir et lumière,  c’est l’élan, nous demandons de retrouver l’élan.
C’est sortir de soi,  sortir du moment présent où l’on s’enfonce (marécage)
C’est comme sortir du lit le matin, s’étirer,  TWAM EKAM SHARANAM, c’est aller vers….vers quoi ?
Vers l’autre, les autres, aller vers cette part de nous qui reste dans sa misère ou dépréciation de soi, déni de soi  désespoir de soi… et la réveiller, l’aimer.
Cette accusation que nous avons presque en permanence,  car la face noire de notre engagement éthique, c’est la culpabilité.
C’est la face dangereuse et mauvaise qui nous croit indigne de cette vision claire du vrai, du bon…
Très vite l’accusation se lève,  on accuse l’autre, le mauvais temps, les parents, l’enfance …
Bref on accuse et en même temps, surtout,  on s’accuse soi.
TAMAS,  ça ressemble à MRITYOR (la mort).
Sortir de soi c’est sortir de l’enfermement, de l’enfer.
Et JYOTIR, lumineux, c’est le paradis.
C’est la Présence de l’autre, du grand Autre,  du Tout Autre, CELA, ELLUI…
C’est aussi aller vers l’autre, les autres. On ne peut pas vivre sans les autres.
Ça rejoint l’enfer, la mort. Quand on est mort c’est qu’on n’est plus en vie.
J’ai perdu la vie, je ne suis plus la vie, la vie n’est plus en moi. La VIE ! C’est un germe qui pourrit au lieu de se développer.
Je choisis la mort plutôt que la vie : C’est s’anesthésier à la douleur d’aimer.
Forcément qu’aimer nous rend sensible, vulnérable, aimer peut  nous faire mal.
Alors on s’anesthésie, on se protège, soit c’est très étroit, soit c’est avec beaucoup de conditions, soit c’est s’enrober dans une pseudo sagesse « je suis en moi, au cœur de moi et les autres ne m’atteignent pas ».
Et en fait nous aimons toujours au risque de perdre, perdre la relation,  soit par la mort physique ; mais cela ne fait pas perdre l’amour.
Perdre la relation. L’autre est absent.
On a tous aimé follement tout bébé celle, celui, qui donnait le biberon  et on a tout de suite appris la séparation.
Le bébé ne comprend pas il veut que l’autre soit tout le temps là.
Ce n’est pas possible  nous apprenons très tôt l’amour et la perte.

Donc c’est choisir AMRITA, refuser MRITYOR.
AMRITA, (A privatif) la non mort : C’est au-delà de la mort corporelle.
Quand nous sommes dans certains états de méditation, nous pouvons être la Vie, être « JE SUIS » et savoir intimement que nous ne sommes jamais nés et que nous n’allons jamais mourir.
Ce ne sont que des apparences.
Nous jouons à nous incarner et c’est en nous incarnant que La Présence se révèle dans nos vies et AMRITA, c’est un bonheur indicible, hors du temps, hors de tout.
Nous faisons la place, nous sommes la vie.
Si j’essaie de relier les 2 rives MRITYOR et AMRITA, c’est difficile mais c’est notre « stage de vie ».
Nous vivons avec ceux qui vont mourir (tous) et ceux qui sont morts et nous acceptons que ce passage éphémère nous rende la vie encore plus précieuse.
Là nous nous voyons aujourd’hui mais nous ne savons pas si nous nous reverrons, si nous pourrons nous étreindre et nous ne nous coupons pas de cet amour qui peut nous faire souffrir par l’absence. Quand nos parents, parfois nos enfants, ou d’autres aimés, sont en départ, nous savons combien les moments partagés sont précieux. Nous avons un pied dans l’incarnation et un autre dans l’infini au-delà de tout et c’est ce balancement qui nous rend complètement humain dans ce chemin,  éclairé par une beauté, un amour extraordinaire  au-delà de la mort.
L’amour est plus fort que la mort : c’est aussi dans la bible, en particulier dans le cantique des cantiques un des plus beaux livres de l’ancien testament (je vous le recommande).
On revient à s’orienter (Le Brahma mudra), s’orienter vers tous les espaces et découvrir ce qui est au-delà, l’incommensurable (mens en latin qui donne la mesure et le mental).
Nous allons vers l’incommensurable parce que nous sommes guidés  nous allons vers SAT, JYOTIR, AMRITA et en même temps nous sommes dans le mouvement de notre vie,  nous dansons depuis ASATO, TAMAS, MRITYOR.
Nous dansons au-dessus de Mara, la mort (même racine) comme Bouddha est assis dessus ou bien Shiva Nataraja danse un pied sur le mal, l’ignorance, Mara.
Nous sommes dans un équilibre instable et nous avançons sur un fil tendu avec une balancelle pour ne pas tomber à droite ou à gauche. D’un côté, ne pas tomber dans Karuna (compassion) seulement,   parce qu’on est envahi de  tristesse et de culpabilité de savoir comment les gens vont mal.
Ni tomber dans Upeksha seulement, (équanimité, l’âme égale), voir d’en haut, qui peut être aussi une justification de l’indifférence, une forme d’égoïsme prétendument spirituel.
Et nous avançons avec confiance car nous ne savons pas, nous ne saurons jamais où nous allons.
Quand on dit GAMAYA, c’est un acte de foi et de confiance.
Dans nos vies nous avons demandé, nous avons reçu.
Nous n’avons pas forcement reçu ce que nous imaginions.
Nous demandons et nous sommes guidés, et la vie, la grande VIE, le contraire de MRITYOR nous amène des cadeaux extraordinaires, dont des épreuves qui font que les ayant traversées, merci Ganesh, nous ne serons plus les mêmes, nous ne serons plus jamais les mêmes.
Parce que GAMAYA est passé à travers nous. Nous avons demandé, en confiance, nous recevons, nous sommes guidés.

Dire le mantra ASATO MA ….c’est prendre le risque de devenir pontife, pontifex de devenir un pont.
Il y a une dimension qui est de l’ordre du service ; Devenir un pont, non seulement pour nous mais pour inviter d’autres qui passent par là, qui longent la rive et qui ne savent pas comment passer.
Nous devenons passeurs, souvent à notre insu.
Ce n’est pas notre discours, notre baratin qui fait que ça passe. Qu’est ce qui fait que ça passe ? C’est que nous sommes vrais.
Nous sommes dans un espace  JYOTIR qui est aussi la lumière et nous en « passons peut être par toutes les couleurs », ce que fait aussi la lumière, mais nous sommes illuminés aussi un peu et du coup, AMRITA, c’est la VIE qui est en nous, c’est la Vie qui fait signe à l’autre et c’est la même Vie, c’est le JE SUIS qui est aussi en l’autre. Nous n’avons pas grand-chose à faire sauf dans l’incarnation tenir et  tenir le pont, c’est vérifier  les piliers (CF le roman « Les piliers de la terre ») vérifier que c’est bien par rapport au courant, que les piliers sont pointus d’un côté pour que le courant se fende et diverge et que c’est rond de l’autre côté.
Nous avons un côté pointu et un côté rond.
Vérifier que la table du pont soit solide, que le pont ne soit pas encombré et qu’on puisse l’emprunter.
C’est notre tâche, c’est notre Svadharma.
Chacun de nous est placé dans sa vie là où il faut,  exactement  là où nous avons RV.
C’est à nous de faire en ne faisant pas en fait, dans le non agir, de faire, de ne pas faire et en même temps d’être dans une action qui  est dédiée.
C’est pourquoi tout se relie ; d’où le commencement par l’enseignement de « Dédier Gratitude »  pour nous amener à Asato Ma Sat Gamaya……