Toi aussi ignorante de la fatigue,
tu ne t’arrêtes pas
et je comprends ton travail magnifique de survivante.
Guidée par ton seul regard sur le sol
tu pourrais aller
au bout de tous les mondes.
Ta quête te porte.
Ta quête est ta consolation.
Tu marches sur ton chagrin
délicatement.
Tu ne le piétines pas,
il est là,
entre la terre, la poussière
et la plante de tes pieds,
tu le sens.
Tu balaies la poussière de ton talon
dans une danse lente.
Tu sais que rien jamais n’aplanira la terre
de ceux qui souffrent,
mais qu’un pas, un autre pas,
ameublit le sol, le prépare.
A quoi? Tu l’ignores.
Comme toi j’avance.
J’apprends ton pas léger.
Le chagrin ne meurt pas.
Mais on apprend à marcher d’un pas différent sur la terre
et vivre nous est possible.
« Le Pas d’Isis » de Jeanne BENAMEUR (éditions Bruno Doucey)