La voie du cœur est un chemin de ferveur
tracé par nos pas, chacun, et ensemble,
dans la clarté de la sangha qui se révèle
justement par les liens tissés, de cœur à cœur.
La voie du cœur ne saurait être un label, ni une mise en dépendance,
Elle ne prétend pas à l’exclusivité d’un Enseignement,
encore moins avoir le monopole du cœur ou de la vérité!
Personne ne la possède, nul ne la définit.
Elle jaillit de la source secrète et mature au creux de nos matrices vives,
elle se propage par irradiation dans un frémissement fraternel,
elle est au centre de soi, le Soi,
au centre de la vie, la Vie.
Au point où s’épousent les paradoxes,
et se posent les combats,
Cœur qui nous inspire et nous délivre dans un vertige amoureux
Cœur qui nous invite à palpiter dans le grand corps de la sangha
Cœur d’où nous rayonnons, chacun unique dans la multiplicité des mondes,
habitant chaque atome, chaque instant, chaque détail infime de l’incarnation,
Cœur en corps présent, en actes manifesté,
et de reliance nourri.
Cœur toujours neuf et à redécouvrir,
éblouissant, il nous invite à devenir
Ce que nous sommes .
Loin de l’effusion sentimentale, de la fusion et de la confusion,
La voie du cœur se renouvelle chaque jour.
Elle appelle la danse du déséquilibre en mouvement,
elle se cherche et s’invente dans la rencontre,
au centre où nous perdons toute illusion, tout « espoison »,
nus, sans savoir, ni vouloir, ni pouvoir,dépouillés, brûlés de désir,
et livrés à l’amour sans pitié,
en toute clarté
tranquilles, sans but, humblement ici,
comme un enfant dans les bras de sa mère.
Immobiles et tournoyant
au lieu du Cœur
cercle infini dont la circonférence est nulle part et le centre partout.
ce qu’on dit de Dieu.
La voie du cœur s’invite dans nos vies
et détruit tous nos petits arrangements
comme un coup de foudre, elle nous chavire
et se diffuse peu à peu dans notre quotidien régénéré:
une vie respirée, un regard ré-enchanté, un corps habité.
C’ est un chemin connu inconnu que nous traçons, nous inventons, nous recevons,
perdus, éperdus, retrouvés, en marche
sur le fil du cœur
au tranchant aigu de la relation à l’autre
au tout Autre
dans une vibration qui se propage et se partage, la joie du cœur!
La voix du cœur élève en nous un chant secret que nous avions oublié
et pourtant nous l’attendions ardemment comme une délivrance annoncée.
C’est l’écoute au creux du silence étoilé,
le mantra qui s’égrène jour et nuit,
le murmure de la Présence en nous comme le bourdon des moines chrétiens, le zichr des soufis, la psalmodie des bouddhistes, la vibration du OM jusqu’aux confins de l’univers,la petite chanson intime et fondatrice.
Comme l’oiselle tend l’oreille vers l’œuf qu’elle couve,
nous attendons patiemment que se fendillent les parois
qui permettront à l’enfant du cœur d’ouvrir ses ailes et son chant.
Mais nous apprenons à être là, ici, maintenant, ensemble,
sans forcer la coquille où nous préparons en secret la transmutation amoureuse.
La voix du cœur nous fait signe
comme se dresse le linga de Shiva
si la coupe de la yoni s’ouvre à l’accueillir et l’appelle.
C’est le désir divin qui en nous jubile et féconde toute vie.
La voie du cœur jaillit à jamais libre et imprévue
elle invite au don et la construction patiente du lien entre les êtres;
dans le courant qui nous irrigue,
Feu et Eau de vie, conjonction frémissante,
elle s’incarne en Terre labourée profond
et respire au rythme de la danse, inspiration du Souffle,
quintessence des éléments:
un espace immense s’ouvre au rythme du vivant
et se tisse à l’infini.
Madhuri, mars 2009