ÉLAN  ET  FATIGUE

« La maladie, (rappelle Virginia Woolf) oblige aussitôt à s’aliter ou, enfoncé dans de moelleux oreillers sur un fauteuil, à décoller les pieds du sol, ne serait-ce que de trois centimètres, pour les poser sur un autre siège, et alors nous cessons d’appartenir à l’armée des gens d’aplomb : nous devenons des déserteurs. »

Et n’est-ce pas le rappel du repos quand nous avons refusé d’écouter les signes de la fatigue qui nous invite à un temps de retrait ? Un cadeau de temps « libre », libéré par incapacité de continuer sans remettre en question nos activités.

C’est juste de se redresser dans son axe vertical, mais à sa place aussi de s’allonger comme savent le faire les chats et les enfants, toucher terre, bailler aux anges et cesser de courir par obligations. L’élan revient quand nous sommes revenus à la source. Il est là dans l’amour qui nous invite comme un dieu (étymologie d’enthousiasme). Et alors jaillit la force qu’on croyait perdue ou absente, parfois aussi au cœur de l’épreuve quand nous savons qu’il faut « tenir ».

Cependant attention aussi à l’orgueil de nos engagements qui nient parfois nos limites. A la dureté de notre désir de perfection et de pouvoir psychorigide. Nous pouvons poser une impuissance temporaire ou définitive à assumer indéfiniment ce à quoi nous nous croyons « tenus » ; c’est d’ailleurs souvent le vieillissement ou la maladie qui nous rappelle ce que nous ne voulions pas savoir tout en l’éprouvant parfois intimement.

Changement ! Sainte fatigue, merveilleux élan : à chacun de conjuguer en reliant au Centre où se tient l’essentielle Présence, le sens de notre vie incarnée et au-delà du temps et de l’espace.

ELLUI nous guide pourrait-on dire et nous jouons notre opéra…comme la vague qui est aussi l’océan, la mer profonde, la Mère divine…Source origine, Joie infinie !

MADHURI  ( janvier 2020)