Retour d’INDE

Retour d’INDE  (Avril 2020)

« L’incarnation est une étape nécessaire pour éprouver le déchirement de la contradiction qu’elle implique et pour exercer sa liberté à la transcender »
Ça vous rappelle quelque chose ?
Alors imaginez l’ambiance en Inde, en mouvements, bruits incessants, foule en couleurs et sourires,  vie en groupe, et le temps d’un trajet en avion, confinement à Chamilly : solitude, silence, temps immobilisé,  (heureusement, soleil et campagne…)

Et pourtant un fil conducteur : la (les) grotte(s).
Tant de moments magiques vécus, partagés dans ce voyage-stage… Difficile d’en extraire quelques-uns. C’est un ensemble, et comme dans tout ensemble, retirer un seul élément modifie le tout.
Bref, je retiens tout de même, sans rien exclure, le thème de la (des) grotte(s).
Des hommes (des femmes ?) ont fait naître, du cœur de la montagne, un témoignage en pierre de la ferveur et gratitude des êtres incarnés pour les Dieux qui guident leurs vies. Beaucoup n’ont pas vu la finalité de ces œuvres, et nous qui voyons, n’avons pas connu l’effort et la persévérance dans cet élan que rien ne semblait pouvoir arrêter.
Humblement nous avons ressenti la vibration encore palpable de ces lieux.
Humblement nous avons ritualisé notre ferveur en reliance, par nos mantras (une pensée émue pour un OM encore présent avec Laetitia et Jaya…), méditations et puja (clin d’œil à Bhumi), en fraternité de sangha, orientée vers le bien de tous les êtres.
Pour avoir approché (très peu, et surtout pas à cette échelle) la technique de la sculpture, j’aime imaginer que c’est la montagne  elle-même qui a guidé le cœur des hommes (et femmes…) pour atteindre cette perfection…
Plus concrètement, cela me parle du creusement, à l’aveugle au départ, puis surgit une forme…imprécise.  Alors creuser encore, prendre de temps en temps du recul, revenir à l’ouvrage, se décourager puis reprendre confiance, déblayer, alléger, nettoyer, creuser encore, puis affiner en patience pour s’approcher de ce que la montagne semblait demander….Puis arrêter, au risque d’aller trop loin.
Et pour citer quelqu’un qui se reconnaîtra : « C’est mieux quand ça peut être bien ».
Ces étapes imaginées sont bien présentes dans ce confinement imposé, mais que je choisis de vivre comme un cadeau. Recueillement dans la grotte du cœur, et temps pour poursuivre le nettoyage dans les recoins, mettre à jour mes impostures et inventer les réajustements nécessaires, pas à pas. Bref de quoi être bien occupée, avec le sincère désir que l’après ne soit pas comme l’avant…sinon à qui bon ?
Au plan de l’égo, je vois bien comment nous sommes convoqués à voir notre impuissance.
Chacun ré-agit à sa manière, avec ces possibles  et là où il est.
Personnellement je suis confrontée au «moins faire » et ce n’est pas une petite étape. Je m’imagine quelques années (mois ? ) en arrière , me précipiter pour m’associer aux élans de solidarité que je vois fleurir avec grand bonheur. Mais non, ce n’est pas ce que je vis, et ce n’est pas si facile. Ni élan, ni fatigue, une invitation à orienter différemment. Trouver comment « servir » autrement.
Le rapport au temps s’étire dans le présent autant qu’il s’amenuise dans ce qui me reste à vivre. Dans cet espace de silence et de solitude offert, je nourris en conscience la reliance avec toutes celles et tous ceux qui souffrent dans leur corps, leur cœur, leur âme. En reliance aussi avec la sangha pour créer une énergie d’Amour, qui rejoint tous les groupes de prière efficients, en continu, partout dans le monde.
Et je me questionne sur ma prière, pour qu’elle ne m’entraine pas dans l’illusion d’une pensée magique qui apporterait remède à cette pandémie, conjurant les angoisses de mort, exorcisant les drames, en refus de «  ce qui est » et me dépasse.
La prière qui accompagne mes jours est une demande :
« Puissions-nous, tous,  accueillir en conscience cet Amour infini et inconditionnel, blotti en nos cœurs et en témoigner, chaque jour, là où nous sommes »
Et je rends grâce  pour ce que cette crise nous enseigne : Prendre soin du SOI, en nous, en  l’autre.
C’est avec cette prière que je vous envoie tout mon amour, chaque jour, en attendant la joie de vous revoir, ici où là, peut être…si Dieu le veut.

Tout Amour, pour vous, pour tous, toujours.

Amaji