François CHENG

François CHENG

La mort n’est point notre issue
car plus grand que nous
est notre désir, lequel rejoint
celui du commencement,
Désir de vie.

La mort n’est point notre issue
mais elle rend unique tout d’ici:
Ces rosées qui ouvrent les fleurs du jour,
Ce coup de soleil qui sublime le paysage,
Cette fulgurance d’un regard croisé
et la flamboyance d’un automne tardif,
Ce parfum qui assaille et qui passe insaisi,
Ces murmures qui ressuscitent les mots natifs,
Ces heures irradiées de Viva, d’Alléluia,
Ces heures envahies de silence, d’absence,
Cette soif qui jamais ne sera étanchée
et la faim qui n’a pour terme que l’infini.

Fidèle compagne, la mort nous contraint
à creuser sans cesse en nous
pour y loger songe et mémoire,
à toujours creuser en nous
le tunnel qui mène à l’air libre.

Elle n’est point notre issue
posant limite.
Elle nous signifie l’extrême
exigence de la Vie,
Celle qui donne, élève,
déborde et dépasse.

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Quand le beauté t’habite,

Comment l’assumes-tu?

L’arbre assume le printemps

Et la mer le couchant,

Toi, comment assumes-tu

La beauté qui te hante?

Toi qu’habite la beauté,

Tu aspires à une autre

Plus vaste que le printemps,

Plus vive que le couchant

– déchirante, déchirée –

Qui pourrait t’assumer

Hormis l’Éternel Désirant ?