Danse sacrée

In « BRETAGNE TERRE SACREE UN ESOTERISME CELTIQUE»

Gwenc’hlan le Scouëzec un des dernier barde, druide.

..« La danse est œuvre magique, diabolique disait l’Eglise, et  la musique qui la détermine l’est aussi. L’on a vu le rôle hypnotique et puissamment suggestif de la harpe dans l’ancienne Irlande. Dans les cultes orgiastiques de la Grèce et de l’Asie Mineure antiques, mystères de Dionysos et de Cybèle, la double flûte et sa tonalité très particulière jouaient un rôle capital. L’utilisation du mode phrygien, qui leur était particulier, était considéré comme l’un des facteurs déclenchant de l’extase. Or, le fait mérite d’être noté, l’usage de cette gamme de ré est connu dans la tradition bretonne, et récemment encore, plusieurs morceaux du répertoire ont été recueillis, chantés de cette manière.
Le caractère magique qui s’attache à la musique instrumentale- d’où la malédiction ecclésiastique contre les ménétriers- s’exerce encore plus nettement à travers le chant à danser et surtout cette variété spéciale à la Montagne qu’est le Kan ha diskan. La modulation, le ton en varient au cours de l’exécution. L’excitation croissante se transmet des danseurs aux chanteurs, puis des chanteurs aux danseurs. Il se crée un état collectif dans lequel baignent tous et chacun des participants. Et de même que les femmes qui vénéraient Dionysos ou semblable divinité, de même que les prêtresses du Vaudou ou les derviches, le danseur breton accède à un autre niveau de l’être, à une autre perception de soi et du monde, à quelque chose qui dépasse les situations habituelles de la conscience. Véritablement il accède à un Autre Monde, ou pour reprendre les mots de Platon il franchit les bornes de la nature humaine… »
« …Il y a donc ici un rite qui mérite toute notre attention. Il est remarquable qu’à travers quinze cents ans d’histoire armoricaine, une culture rurale, à bien des égards appauvrie par rapport à l’ancienne société celtique, ait conservé jusqu’à nous et pratiqué communément un usage sacré fondé sur l’exaltation de l’âme. Chez l’individu, il provoquait en effet un dépassement de lui même et lui permettait d’accéder à un certain état de conscience collectif. Le groupe, lui, se trouvait soudé par les expériences individuelles, par cette communication extra et supra-verbale qui intéressait l’être entier.
Le sentiment essentiel est ici d’aller au-delà de sa condition, de vivre l’effacement des frontières de la personnalité. Tout se passe comme si un élément central de perception demeurait seul dans chaque participant pour lui rendre consciente l’unité de tous. Il n’y a plus dès lors de différence entre les données habituellement séparées de nos sens et de notre conscience, entre le physique et le psychique, entre ce qui est nous et ce qui n’est pas nous, mais découverte de l’Unique.
Magie suprême que cette intime communion de l’âme et du corps, du monde extérieur et de l’univers intérieur, de l’individu et de la communauté… »