Livre "Paroles d'Éveil"

51CM9MHVZDL._SX313_BO1,204,203,200_C’est un enseignement essentiel qui nous est délivré ici. Ayaladompa, Radjipur, Milarepa, St François d’Assise, Khaïang… Les paroles des grands Maîtres nous parviennent, par l’intermédiaire de Claire Montello, pour nous montrer la voie du cœur, le chemin de la joie, de la liberté et de l’espace intérieur.


La clef, la porte, et le mode d’emploi…

N’avons-nous pas compris ce qui nous est répété avec autant d’humour que de fermeté ? Les Maîtres  n’ont de cesse de nous engager à la liberté – sans intermédiaire ni interprétation ; à la responsabilité personnelle – sans allégeance à un système quelconque. Mais ce livre est là, lumineux et complexe souvent, déroutant parfois. Qu’en faire ? Comment le lire, le vivre ? Le rire de Radjipur éclate malicieux et tendre, libérateur : « le mode d’emploi, c’est vous ! »

Donc pas de clef ésotérique à proposer.

Je prends cependant le risque de témoigner, en mon nom et pour partager avec ceux qui se sont mis en marche. « Petits frères, petites sœurs » aime nous appeler François : la fraternité aujourd’hui se tisse avec ceux qui lisent ce livre. Car nous sommes tout de même nombreux à cheminer dans la Voie du Cœur ; certains depuis plus de vingt ans. Et notre vie s’en trouve pétrie, bouleversée, éclairée. « Retournement » dit le Maître… Ah ! Il y a des jours où on voudrait ne rien savoir, oublier cet appel au creux de soi et, de fort mauvaise foi, transformer en fardeau cet éblouissant cadeau.

Est-ce à dire qu’il faut traiter ce livre comme un précieux reliquaire, un catéchisme incontournable ? Que non ! On peut même en faire des cocottes, me dit Claire en riant, et les regarder partir au fil de l’eau…A chacun de réinventer son écoute, sa découverte intime.

Tout est possible et la révolte aussi, le ras le bol « Qu’ont-ils, les maîtres, à nous parler de lumière, de vie merveilleuse, d’amour infini quand cela me blesse au fond de mon enfermement ? » M’a-t-on parfois renvoyé avec une irritation déchirante. Oui, qu’ont-ils à nous dire que nous ne sachions déjà pour peu que nous nous laissions embraser par le Verbe ? Le doute peut nous paralyser, enliser nos meilleurs élans, nous pouvons même surenchérir :  A quoi

bon vivre, à quoi bon aimer, à quoi bon transmettre ? En chacun de nous une ombre réductrice guette et nous tente, l’inertie et le cynisme sont de nos jours fort prisés… Encore un livre ! Le « channeling » est à la mode, surtout doté de son nom anglo-saxon. Tant de « prophètes » actuels promettent la lune pour après demain aux heureux élus initiés… et initiateurs.

La sincérité ne suffit pas, la discrimination est nécessaire. Quelle résonance est à l’œuvre dans ce qui est inspiré ? C’est ce que par exemple Jean Yves LELOUP analyse avec pertinence dans Manque et Plénitude ( Albin Michel ). La plus pure Présence de Ce qui Est au-delà de tout est ici éprouvée et le choix de garder ces textes confidentiels pendant plus de vingt ans a approfondi le travail alchimique au creuset du laboratoire…oratoire.

Eh bien, peut encore objecter cette voix maligne, quand bien même le Verbe viendrait-il encore une fois nous éveiller, pourquoi redire ici ce qui a toujours et de tout temps été dit dans toutes les traditions ? « Pour que nous n’oubliions jamais » répond le Maître ; et que, sous une forme ou un nom nouveau qu’importe, notre cœur frémisse au contact de l’Infini. « Frappé au cœur, frappé d’amour. Car c’est bien une histoire d’amour nous confie Claire Montello, la première « renversée » par cette irruption dans sa vie. Sans cette certitude intérieure, cet élan amoureux, aurait-elle accepté d’oser témoigner au risque de passer pour une « frappadingue » comme lui dit malicieusement quelqu’un de mon entourage ? Il lui a fallu surmonter bien des obstacles, elle en témoigne dans sa préface et je peux en attester. Elle ne s’est pas dérobée au rendez-vous avec l’Essentiel, quand bien même sa vie a été pétrie de cette Présence au risque de s’y brûler. Elle a pris la responsabilité de cette diffusion, grâce particulièrement à Michel Jonasz, comme nous touché au fond du cœur.

Et voici que ces paroles d’Eveil viennent à vous, lecteur. Mode d’emploi ? Sourions… Des pratiques me sont revenues en confidence, elles sont variées, en voici quelques-unes. Bien sûr on peut suivre le fil proposé. L’agencement des textes, qui ne sont pas forcément donnés dans l’ordre chronologique, a mis du temps à se « trouver ». Le courant s’est dessiné parfois de lui-même, souvent d’évidence. Il est porteur de signification et de la respiration du Souffle qui passe.

Mais on peut également ouvrir ce livre au hasard. Une page, une phrase soudain éclaire le vécu, là où nous étions perdus dans l’opacité du quotidien. Le chercheur obstiné peut aussi tisser entre les textes, les notes et sa propre tradition, un patient cheminement au détour de ses labyrinthes : le fil de Soi est à l’œuvre.

Mais d’autres, vous lecteur peut-être, choisissent pour mieux s’en imprégner, de recopier un texte, voire de le calligraphier, le dessiner. Ou le déclamer, le murmurer, le chanter, le danser – pourquoi pas ? – L’apprendre par cœur, en avoir le cœur épris, la vie éblouie.

Je connais une jeune femme qui fredonne ces pages à son bébé pour l’endormir. Quand elle me l’a dit cet été, j’ai été presque choquée : endoctrinement précoce ? Non, me répond-elle souriante, j’aime entendre cet accord entre ma voix et la douceur de mon cœur éclairé, mon enfant le sent, il savoure à sa manière et au-delà des mots Paix et Amour au creux de Soi…

Professeur de yoga, animant des stages avec Claire ou sans elle, j’ai parfois essayé d’analyser en tableau ou diagramme ce qui me semblait construire le fondement même de cette voie. C’est avec une profonde jubilation que se découvre alors toute la finesse et la cohérence de l’Enseignement. La diversité même des maîtres, ancrés dans leurs traditions respectives, rappelle ces palais enchanteurs du Rajasthan, murs et plafonds couverts d’une mosaïque de petits miroirs bombés qui tous reflètent et démultiplient la moindre source de lumière. Il ne s’agit donc pas de réduire cette richesse palpitante à une doctrine figée. Ce serait d’autant plus difficile que telle phrase, tel mot, pris hors contexte, peuvent sembler contredits ailleurs. C’est la grande liberté du paradoxe, marque d’authenticité aussi. Mais celui qui étudie ardemment un texte découvrira que la Présence pénètre alors mystérieusement sa conscience, sans doute à la mesure même de la ferveur de la demande. « Le questionnement est passeur », nous l’expérimentons…

Je n’oublie pas non plus les exercices précis qui nous ont parfois guidés avec fermeté. Lorsque le texte « L’estime de soi » est venu dans ma maison face à un groupe, je me souviens de la profondeur du silence souligné par les petits bruits d’écriture, chacun pleinement concerné. C’est une pratique qui peut mener loin, le lecteur aussi est invité à concrétiser son engagement… A chaque fois il y a lieu d’incarner la démarche dans des actes posés et non en rêveries stériles. Il d’agit toujours, quelle que soit la diversité des pratiques, d’ériger un pilier qui ordonne l’émiettement du quotidien, de dresser sa tente au désert du non sens et d’assumer son axe fondateur.

Parfois on me dit que rien ne remplacera l’écoute de l’enseignement en direct. Certes l’émotion chavire le cœur et ouvre la compréhension en faisant place au « désir de l’âme » qui reconnaît la voix qui lui parle. La Voie… Certains enregistrements seront peut-être publiés un jour selon la diffusion de ce livre Mais la vibration qui nous touche est au-delà des inflexions qui nous émeuvent, elle est présente aussi dans cet ouvrage posé dans une pièce, comme la petite flamme d’une bougie allumée nous rappelle la Présence au creux de Soi.

Reliées l’une à l’autre, l’une en Bourgogne, l’autre en Bretagne, nous proposons de tisser des liens avec les lecteurs. Vous pouvez nous faire part de vos découvertes, vos questions, vos refus et émerveillements. En écrivant aux éditions Jonasz ou encore sur la boite mail de ce blog adresse que nous ouvrons en commun et qui mieux qu’un blog peut préserver la confidentialité. Attention, nous ne promettons rien, surtout pas de prise en charge qui dispense de prendre sa vie en main, pas d’ « église des élus », pas de réponse assurée. Il s’agit de concrétiser là encore, et avec les moyens du jour, un partage fraternel disions-nous, la reliance qui se propage dans la joie des retrouvailles.

Michèle Stéphany.

L’ Athanor, Roscoff. Le 25 décembre 2005.

La Voie Du Coeur